Très
jeune, ses parents le destine au piano. Lui est attiré
par le violon. A 12 ans, il entre au Conservatoire, et c’est
en 1910 ( à l’âge de 18 ans) que Gaston
POULET obtient un 1er Prix de Violon, avec félicitations
du Jury, et quel Jury ! (César Thomson,
Jacques Thibaud, Jules Boucherit,
Georges Enesco, Joachim,
Pablo Casals, Leopold Auer,
Weingartner).
Porté
en triomphe par ses camarades moins chanceux et surtout immédiatement
invité par le Président du Jury, le Maître
Eugène ISAYE pour un Concert à
Bruxelles devant la Reine, avec réception au Palais
Royal.
C’est le début d’une formidable carrière
de violoniste virtuose.
Soliste
des Concerts ROUGE (du nom de son créateur), célèbre
cénacle musical du début du siècle.
Gaston POULET succède à Lucien CAPET
et à Jacques THIBAUD.
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Ses partenaires sont José ITURBI,
Maurice MARECHAL, Emile MACON,
Victor GENTIL bientôt rejoint par Yves
NAT, fidèle ami. |
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Sur
le conseil de Gabriel FAURE, c’est
la création du QUATUOR POULET
qui va parcourir l’Europe (Italie, Hollande, Belgique,
Allemagne, Espagne) avec un succès toujours grandissant.
De gauche à droite : Henri Giraud, Gaston Poulet,
Albert Leguillard, Louis Ruyssen. |
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En
1917, Claude DEBUSSY fait appel au violon de POULET
lors de la composition de sa sonate : |
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“14
Avril 1917 : “Vu ce matin Gaston POULET…Je lui ai montré
le brouillon du final, il tremble !” |
“15
Avril 1917 : “ N’oubliez pas la sonate…POULET
me donne la chair de poule ! ” |
Ces
deux lettres sont de Claude DEBUSSY à son éditeur
Jacques DURAND. Cette Sonate, DEBUSSY et POULET
l’ont crée ensemble à la salle Gaveau puis à
Saint Jean de Luz à l’été 1917. |
Coup de sonnette au 2 ter, rue
Herran, vers 23 heures chez les POULET. Un dandy se présente
: Marcel PROUST : “ J’ai dîné
ce soir avec la Princesse GHIKA, et je n’eus de cesse de lui
parler de mon désir fou de vous entendre jouer le quatuor
de César FRANCK ! ”
C’est une course dans la nuit
parisienne pour sortir du lit les trois solistes : Victor
GENTIL (2è violon), Louis RUYSSEN
(violoncelle) et Amable MASSIS (alto). Les 4 pupitres
sont déjà en place près d’un sofa où
s’allonge notre hôte. A la fin de l’interprétation
du quatuor, Marcel PROUST a trouvé le sommeil tant recherché…
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Est-ce
à la suite d’une rencontre avec TOSCANINI
à Turin au milieu des années 20, où ce grand
Chef fixant POULET de son regard perçant lui dit : “
Toua, avec les yeux que toua, tou sera Chef d’Orchestre !
”
Ou est-ce à la suite d’un souhait exprimé par
une certaine dame H…(célèbre
pour ses gaffes), qui remettant à Gaston POULET l’enveloppe
contenant le cachet de la prestation du quatuor lui dit : “
J’espère que la prochaine fois vous pourrez agrandir
votre petit orchestre ! ”
Plus
sûrement, c’est à la suite d’un grand besoin
de s’exprimer totalement, vocation et appel irrésistible
à la direction des masses orchestrales et à l’interprétation
des grandes œuvres symphoniques, que Gaston POULET décide
de prendre la baguette et pour cela , il crée “ LES CONCERTS POULET
”. Ces concerts hebdomadaires ont tout de suite un grand retentissement,
et un public nombreux se retrouve à la salle Pleyel
puis au Théâtre Sarah Bernhard, dés
1926 et jusqu’en 1932. |
De
retour d’une tournée de concerts en Amérique
du Sud, Gaston POULET est nommé Directeur du Conservatoire
de BORDEAUX .Il crée la Sté des Concerts du Conservatoire
(devenue aujourd’hui BORDEAUX AQUITAINE) et il donne des concerts
au Grand Théâtre de Bordeaux avec un succès
exceptionnel.
Parallèlement,
POULET dirige à Toulouse, à Marseille et surtout à
la tête de l’orchestre COLONNE. Le LONDON SYMPHONY fait
appel à lui régulièrement.
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C’est
la création du Festival International de Besançon.
C’est ROME, NAPLES, MILAN, SARREBRUCK, LUXEMBOURG, LONDRES,
BRUXELLES, BIARRITZ, PARIS, LAMOUREUX, la Sté des CONCERTS
DU CONSERVATOIRE, PASDELOUP, les ORCHESTRES DE L’ORTF, VERSAILLES
ect.… partout, en France et en Europe, acclamé, merveilleux
ambassadeur du goût et de l’art français.
Gaston POULET consacra toute sa vie à la musique dont il fut
un très grand serviteur, imprégné d’une
fougue, d’une ferveur, d’une foi qu’il transmettait
irrésistiblement autour de lui. J’en prends pour témoin
cette critique d’un journaliste Belge qui traduit parfaitement
l’impression que nous a laissée le CHEF D’ORCHESTRE
: |
“ Pétrissant les sons, comme un sculpteur pétrit
la glaise, de tout son corps, de tous ses muscles, de tout son
cœur aussi, Gaston POULET est véritablement le dieu
créateur des harmonies qu’il extrait comme il veut
de son orchestre attentif à son désir et soumis
à sa volonté. Il n’y a pas sur scène
80 musiciens, il n’y a qu’un homme, debout, noir,
immense, fougueux, accrochant des ses gestes souples, amples,
précis, des sons arrachés à une espèce
d’orgue gigantesque, sorte d’agglomération
de formes humaines qui vibre ou frémit sous le zéphir
ou sous l’orage des harmonies déchaînées.
”
Son amour de la musique n’a pas échappé au
public qui remerciait Gaston POULET par des ovations prolongées
qui le touchait au plus profond de lui-même.
Manuel Poulet
Mai
2003
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